Agence de Presse Sénégalaise (Dakar)
Demba Diao
2 Août 2010
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Palmarin, 13h. En ce début d'après-midi de juillet, le temps est à la pause dans le travail des champs pour la plupart des paysans de la communauté rurale de Palmarin dont certains comme Moustapha Sarr, ont quitté leurs champs situés pas très loin pour retourner à la maison. Histoire de prendre le déjeuner et de siroter un peu de thé avant de reprendre la charrue.
Depuis le début de l'hivernage, c'est ainsi que fonctionne cet habitant de Palmarin Ngounouman -une des quatre localités de Palmarin-, trouvé chez lui en tenue de travail et prêt à reprendre dés 15 heures le chemin des champs.
Moustapha Dione, autre paysan qui va sur ses trente ans, mesure à son propre niveau combien il est difficile de joindre les deux bouts en comptant uniquement sur l'agriculture. Pour ce jeune marié, père de deux enfants, il faut que l'Etat du Sénégal vienne au secours des jeunes de la communauté rurale dans la mesure où le travail des champs ne nourrit presque plus son homme.
"Je dois tout faire pour nourrir mes enfants. Je dois les habiller, les soigner. C'est difficile, mais je suis dans l'obligation de le faire", souligne M. Dione, d'un air las.
Sensiblement du même âge, Sidy Sané, fait le même constat que Moustapha. Ayant quitté son Tattagine natal pour travailler en saisonnier à Palmarin, il s'est amèrement rendu compte que décidément les choses ne s'arrangent pas.
"Il n'est pas facile d'être paysan. Il arrive que la récolte ne soit pas bonne et cela pour tout le monde", indique Sidy, avant de lancer en s'excusant : "Je dois faire vite parce que je retourne au champ bientôt".
A Palmarin les espoirs placés dans l'agriculture sont immenses mais le goût de plus en plus salé de l'eau hypothèque les chances de bonnes récoltes. Boubacar Ndéné, la trentaine, domicilié à Ngounouman, résume ainsi la situation : "tout dépend de la pluviométrie pour une bonne récolte. Dans cette communauté rurale les eaux sont salées et seule l'eau de pluie nous arrange pour une agriculture abondante".
Quid de la pêche ? A en croire plusieurs jeunes cette activité n'est pas parvenue à supplanter l'agriculture qui demeure de loin la principale activité à Palmarin. Et en dehors d'elle, c'est presque le chômage. "Après l'hivernage, les jeunes n'ont pas quoi faire, dans ce cas l'Etat doit nous aider car l'agriculture ne peut plus sécuriser les populations de Palmarin", indique ce jeune homme.
Moctar Dieng, la quarantaine sonnée, marié et père de 4 bouts de bois de Dieu, acquiesce en déclarant : "la communauté rurale de Palmarin est petite. C'est dommage qu'après l'hivernage les jeunes n'ont concrètement pas une activité lucrative".
Pour Ndiaga Seck, 31 ans, le salut pourrait venir de la mise sur pied par l'Etat d'activités génératrices de revenus.
En attendant, les jeunes agriculteurs peuvent s'ils en ont la capacité se rabattre sur la pêche en se rendant à Djiffer, "un hameau de 4000 âmes" -ainsi que l'indique le président de la communauté rurale de Palmarin, Samuel Seck- situé au sud-est.
Adossé aux eaux de mer et du fleuve, Djiffer est un lieu de rencontres et... de dispersion. "Personne n'habite ici, c'est la recherche du profit qui nous réunit ici. Personnellement, je suis là 11/12 mois. J'habite Kaolack et à l'approche de la fête de Tabaski je rentre. C'est pareil pour tout le monde ici", renseigne Modou Ndong, trouvé en train d'apprêter sa pirogue pour une randonnée en mer.
Autour de lui, des femmes et des enfants affublés de paniers de poissons et de fruits de mer font un interminable va-et-vient. "Tous les jours l'ambiance est la même, les gens viennent de partout pour acheter ou aller en mer", indique Oumou Khairy Bâ avant d'ajouter : "Djiffer est la localité la plus riche dans la communauté rurale de Palmarin grâce à ses activités de pêche. Cependant l'Etat doit intervenir pour réglementer le secteur de la pêche".
A l'instar de beaucoup de jeunes personnes vivant à Djiffer, elle entend par intervention de l'Etat que les autorités implantent dans la localité des unités de froid pour conserver le poisson, mais surtout qu'elles tranchent le litige concernant l'implantation d'un seul quai de pêche accepté par tous.
"Une communauté rurale à trois quais de pêche, où est-ce qu'on voit ça ?", lance, dépité, Abdoulaye Seck avant de marteler : "il y a un quai à Diakhanor (Ndlr : quai officiel dans la communauté rurale de Palmarin), un à Ngallou et un à Djiffer. L'Etat doit intervenir en ordonnant tout ça !". |